Institution
Robert Badinter est décédé ce vendredi à l’âge de 95 ans. Ancien avocat, ancien président du Conseil constitutionnel, ancien garde des Sceaux et ministre de la Justice à l’origine de l’abolition de la peine de mort en France, il entretenait un lien particulier avec Chambéry et Cognin.
Les communes de Cognin et de Chambéry invitent la population à un temps d'hommage qui se tiendra ce jeudi 15 février à 17h30 sur la place du Palais de Justice, à Chambéry.
Alors qu’il n’est qu’un adolescent, il assiste à la déportation de nombreux membres de sa famille. Un commissaire de police lui donnera, ainsi qu’à sa mère et à son frère, de faux papiers d’identité lui permettant de se cacher à Cognin, commune limitrophe de Chambéry. A Cognin, il bénéficiera du soutien de la population locale et se fera de nombreux amis. En pleine occupation, une mère seule arrivant dans une petite ville avec deux enfants, cela ne passe pas inaperçu. Il y reviendra plusieurs années plus tard lors d’une visite très émouvante.
A la Libération, Robert Badinter, qui parle l’anglais, sera missionné pour guider les GI américains. Sur une des seules photos parvenues jusqu’à nous de la Libération de Chambéry, on voit ainsi Robert Badinter, dans une Jeep américaine, place des Eléphants (photo ci-dessous).
A Chambéry, il fréquente aussi le lycée Vaugelas en plein cœur du centre-ville où un de ses professeurs est milicien. Ce dernier, à la Libération, sera condamné à mort, puis gracié. Cet épisode fait naître chez Robert Badinter la conviction que la justice ne peut être assimilée à la vengeance. Cette conviction d’adolescent née à Chambéry se transformera au fil des années en combat politique.
A la fin de la guerre, Robert Badinter retourne à Paris où il deviendra un brillant avocat. Nommé garde des sceaux, il portera au côté de François Mitterrand, le combat qui sera celui de sa vie : l’abolition de la peine de mort. En 1981, le texte est voté. Il ne contient que quelques mots : « La peine de mort est abolie. ».
“J’ai appris avec une grande émotion le décès de l’ancien garde des Sceaux Robert Badinter, avec lequel j’ai eu la chance et l’honneur de siéger au Sénat.
Il est pour moi l'incarnation d'un homme d’exception qui grandit l’histoire de son pays. Socialiste, européen, avocat, il a mis sa vie au service de ses convictions et de la France. Son engagement est un héritage que nous devons honorer.
A l’Assemblée Nationale en septembre 1981, il aura su convaincre, au-delà de son camp politique, que sa cause était juste. Notre pays est ainsi entré dans la modernité grâce à lui. Il a été un militant permanent de la lutte contre le racisme, contre l’antisémitisme et contre l’homophobie. La France a perdu aujourd’hui un grand défenseur de ses valeurs.”
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